La mosquée :

 

     Bien que sa propagation remonte au 11ème siècle, l'islam se limitait surtout aux centres urbains tels que Djenne, Dia, Tombouctou et Gao. C'était la religion de l'élite dirigeante et de la communauté commerçante. C'est à partir d'une succession de guerres saintes au 19ème siècle que l'islam s'est véritablement installé en zone rurale et en pays Dogon.

     Aujourd'hui le dynamisme de l'architecture traditionnelle en pays Dogon se manifeste, entre autres, par la construction de mosquées de styles fort variés. Certains traits stylistiques d'origine locale sont facilement reconnaissables, par exemple, les façades décorées de niches en forme de triangle ou en damier.

     La mosquée de Kani Kombole en est un exemple. Elle se trouve au pied de la falaise. La place ne manque pas et les constructions peuvent se faire en largeur. Plusieurs rangées de colonnades en niches font le tour de la mosquée. Les similitudes avec le Ginna (la maison de la famille étendue) sont évidentes.



   
kani kombole
 
kani kombole
 
temba
         

 

     La mosquée de Nando est un cas à part. Sa fondation semble remonter au 12ème siècle, c'est-à-dire, sa construction est antérieure aux mosquées de Djenné et Tombouctou. A cette époque les Tellem étaient les maîtres de la falaise de Bandiagara. A ce jour beaucoup d'interrogations subsistent quant à l'érection lointaine de cette mosquée. Une légende dit qu'un géant la bâtit en quelques jours. Non loin de Nando, il a laissé l'empreinte de son pied droit dans les rochers. Au 12ème siècle, la seule ville proche déjà convertie à l'islam fut Dia (sur le Diaka, bras du Niger). Est-ce-que la région de Nando était déjà un point de passage sur les pistes nord-sud par où transitaient les marchandises destinées au commerce transsaharien ?

     Au fil du temps et des crépissages annuels, l'extérieur de la mosquée subit les influences de l'architecture Dogon. Par contre, les bas reliefs décorant les parois intérieures sont de style islamique et représentent des thèmes du coran. On y voit une balance qui pèse les âmes des défunts afin de déterminer qui ira en enfer ou au paradis.



   
nando (pignari)




 
nando (pignari)




 
nando (pignari)




       
   
nando (pignari)




 
nando (pignari)




 
nando (pignari)




         
   
nando (pignari)




 
nando (pignari)




 
nando (pignari)




     Sur le plateau, les terres cultivables ne sont jamais abandonnées à la construction. Kargue et Danisare ne font pas exception à la règle. Ils ont été érigés sur des plateaux rocheux. L'espace disponible y est restreinte. Les mosquées de ces deux villages sont construites en hauteur et leur étroitesse et formes s'expliquent par la topographie du terrain.



   
kargue (lowel geou)




 
kargue (lowel geou)




 
kargue (lowel geou)




         
   
kargue (lowel geou)




 
kargue (lowel geou)




 
kargue (lowel geou)




       
   
danisare (lowel geou)
 
danisare (lowel geou)
 
danisare (lowel geou)

 

     Ningari se trouve sur le plateau non loin de Kani Gogouna, capitale des Saman. Ils sont ethniquement liés aux Djennenke du Lowel-Gueou. Ils ont adopté la langue et la culture de leurs hôtes Dogon. L'arrivée des Saman en pays Dogon remonte au XVème siècle. Leur installation dans le Waduba est l'aboutissement de divers migrations causées par les conflits incessants dans la boucle du Niger. Les premiers migrants atteignirent le sud de la falaise près de Kani Bonzon avant de se déplacer vers le centre du plateau. Dogon et Saman conclurent des alliances et se partagèrent un même territoire dans une paix toute relative. Bien que les Saman vivaient de razzias sans discrimination, leur attitude guerrière constituait aussi un rempart contre l'ennemi Peul installé à Dè sur le plateau . Au XIXème siècle, afin de renforcer leur position sur le plateau, les Saman s'allièrent aux états théocratiques de Sekou Amadou d'abord, et d'El Haj Omar ensuite. Les Dogon ne leur ont jamais pardonné leur traîtrise. Il existe un masque Dogon qui représente le "Samana". Quand il danse, c'est l'occasion pour les Dogon de se moquer d'eux. Encore aujourd'hui des conflits ayant trait à la terre se font jour. Dans les années quatre-vingt-dix les Saman voulaient construire à Kani Gogouna une nouvelle mosquée à l'emplacement d'un vieux Ginna Dogon. Les Dogon, en tant que " maîtres de Terre ", s'y sont opposés et ont eu gain de cause. La mosquée de Ningari ressemble de par son style à celles du delta intérieur du Niger. Un Saman se dit Dogon mais n'abandonnera pas pour autant son identité Djennenke.

 

voir :

  • J.C. Moine : "Gens de Djenné" en pays Dogon - les Dianangué (Djennenké) des vallées du Diéou
  • o G.Holder " Poussière Ò Poussière "

 

 

   
ningari (waduba)
 
ningari (waduba)
 
ningari (waduba)



     La mosquée de Tanga : Les pinacles des mosquées sont exposés à la pluie. Afin d'en limiter les dégâts, ils sont surmontés d'une sorte de capuchon en terre cuite qui freine l'infiltration d'eau. Ces pots sont spécialement fabriqués à cet effet.

     Dans le cas de la mosquée de Tanga, les pinacles sont surmontés d'anciens pots tripodes. Les archéologues connaissent bien ce type de poterie qui est fréquemment mis à jour lors des fouilles menées le long du fleuve Niger et dans le pays Dogon (grottes tellem). La mosquée de Tanga donne l'impression que les habitants du village se sont servi d'un dépôt d'anciennes poteries. D'autres pinacles surmontés de pots se trouvent à l'entrée de la mosquée. Ont-ils une fonction précise ou a-t-on créé autant de pinacles qu'il restait de poteries ?



   
tanga (n'duleri)
 
tanga (n'duleri)
 
tanga (n'duleri)



     Encore quelques photos de mosquées aux styles variés :



   
dourou




 
bandiagara




 
songo




         
   
boui (lowel gueou)
 
bargue
 
borko (bondoum)

 

 

       
   
koko (lowel gueou)
 
oropa (plaine du séno)
 
plaine du séno