Masque Satimbé
: Le village représente l'ordre et la sécurité. Par contre,
l'ambivalence de la brousse est notoire. Elle est à la fois dangereuse
et bienfaitrice. C'est le monde de l'invisible. Toutes sortes d’esprits
tels les Yébèm et les Andoumboulou y rôdent. Aux yeux des Dogon, les
Yébèm sont les véritables détenteurs du sol. Les animaux sauvages
forment leurs troupeaux. Par contre, c’est auprès des Andoumboulou que
les Dogon ont découvert les masques. Ces objets sont des « choses de la
brousse ». Lors des funérailles d’un homme, les masques sortent de leur
grotte et envahissent le village. Ils attirent le défunt hors de sa
maison et, le soir venu, retournent en brousse suivis de son âme.
D’après le mythe, le masque Satimbé représente la femme qui a capturé
le vieil Albarga et volé les masques aux Andoumboulou (êtres
surnaturels). Un jour, elle les surprit en brousse. Ils s'enfuirent et
abandonnèrent le vieillard ainsi que leurs masques et leurs costumes.
Parée de fibres, elle rentra chez elle avec son captif. Percevant cet
accoutrement comme une menace pour la suprématie masculine, les hommes
de son village lui confisquèrent ses trouvailles. Les masques furent
mis à l’abri dans une
caverne où l’on enferma aussi le vieil Albarga. Il s’agit de la grotte
sacrée d'Albarga à Yougo Dogorou. Le vieillard enseigna aux hommes
l’usage des masques. Aujourd’hui encore, il existe un masque taillé à
son image. Albarga est présent dans l’esprit de beaucoup. Il est dit
qu’il sort parfois la nuit de sa grotte. Ceux qui l’ont aperçu
décrivent une personne faite de feux et de flammes. Quant à la femme
qui découvrit les masques, elle fut nommée Ya Sigine (la soeur des
masques). Aujourd’hui, la Ya Sigine est la seule femme à participer aux
rituels liés aux masques et à avoir droit à des danses masquées à ses
funérailles. Un village peut compter plusieurs de ces initiées.
Beaucoup de masques Satimbé ont un bras qui se termine en forme de
louche. Cet ustensile est l’attribut principal que la Ya Sigine tient à
la main lors des cérémonies funéraires. La Ya Sigine incarne la
femme-ancêtre qui a découvert les masques. Sa louche est imbibée d’une
énergie qui est perçue comme dangereuse pour les femmes. Au cours de
ses enquêtes de terrain pour sa thèse sur les masques, Polly Richards a
découvert que la force vitale (nyama) contenue dans la louche de la Ya
Sigine est vue comme encore plus dangereuse que ne le sont les masques.
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Satimbe mask : The
village space guarantees order and security. By contrast, the
ambivalence of the bush is notorious. It can be both dangerous and
beneficial. It is the world of the invisible. All types of spirits roam
about the bush. It is the habitat of the Andoumboulou and of the Yebèm.
To the Dogon, the Yebèm are the true owners of the land and the animals
of the bush form their herds. But it is with the Andoumboulou that the
Dogon discovered the masks. Masks are « bush things ». On the occasion
of a funeral for a man, they leave their rock shelter and enter the
village. They attract the deceased out of his house and towards sunset
they return to the bush followed by his soul.
According to myth, the Satimbe mask represents the woman who captured
the old Albarga and who stole the masks from the Andoumboulou
(supernatural beings). One day whilst wandering in the bush, she
stumbled upon them by surprise. They fled and left behind the old man,
their masks and costumes. Clad in her new attire, she returned home
with her captive. Perceiving her disguise as a threat to male
supremacy, the men from her village took away her newly found
acquisitions. They
hid the masks and locked up the old Andoumboulou in a rock shelter :
the sacred cave of Albarga at Yougo Dogorou. He taught men the use of
masks. A mask carved in his image is still in fashion today. Albarga is
present in the minds of many. It is believed that he sometimes leaves
his cave at night and wanders in the village. Those who saw him
describe a being made of fire and flames. As to the woman who
discovered the masks, she was named Ya Sigine (the sister of the
masks). Today, the Ya Sigine is a female mask initiate who plays an
active role during masked rituals and for whom masked dances are
performed at her funeral. There are often more than one Ya Sigine in a
village. Satimbe masks often have one arm that ends in a ladle. This
utensil is the principal attribute of the Ya Sigine. She holds it in
one hand during masked funerary dances. The Ya Sigine embodies the
female ancestor who discovered the masks. Her ladle is permeated with a
form of energy which is perceived as dangerous to women. Polly
Richard’s field research for her thesis on Dogon masquerade led her to
discover that the vital force (nyama) contained in the ladle of the Ya
Sigine is considered even more dangerous to women than masks are.
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