Des funérailles à Kundu Gina, Andou et Dogomo : Des funérailles à Kundu Gina, Andou et Dogomo : Les funérailles se tiennent habituellement en saison sèche (décembre à février). Les travaux agricoles sont terminés. Les récoltes ont été engrangées et les semailles ne débuteront que vers le mois de juin. Hommes et femmes se vouent à d'autres occupations. Il est temps d'organiser les funérailles des personnes décédées au cours de l’année écoulée. La durée des funérailles est de deux à trois jours. De nombreux visiteurs viennent présenter leurs condoléances à la famille du défunt. Danses et combats fictifs se succèdent jour et nuit. Des chants retracent la vie et les exploits du défunt et d’autres encore renvoient à l’histoire locale du village. Ils se rapportent à des événements mythico-historiques qui renseignent sur les itinéraires parcourus et les circonstances d'arrivée des migrants dans leur nouvel habitat. Villageois et visiteurs miment des combats sur la place publique et sur le toit en terrasse du défunt. Ce sont des combats dirigés contre l'ancien ennemi peul. On tire des coups de fusils à blanc et on se bat avec boucliers, lances et torches. L’écho de la falaise renvoie les détonations. Le bruit est assourdissant et la poudre à fusil enveloppe les participants d’un nuage de fumée. L’odeur âcre du souffre vous prend à la gorge et la respiration devient difficile. Cris, pleurs et rires se font entendre de partout. L'ambiance est émouvante et festive à la fois. Les moments forts de la cérémonie se déroulent sur le toit en terrasse de la maison du défunt. Des effets personnels du disparu, tels que bouclier et lances, y sont déposés. S’il s’agit d’un ancien combattant, un mannequin à son effigie avec casque et uniforme militaire est placé en évidence. Ses veuves dansent devant la porte d’entrée et tiennent au-dessus de leur tête des calebasses brisées, qui ne serviront plus au repas de leur mari. Quelques dignitaires et proches parents montent sur le toit et y font le sacrifice d'un bouc. L’ethnologue Eric Jolly donne de cette cérémonie une description détaillée dans "Boire avec esprit, Bière de mil et société dogon" : à Koundou, un homme prend une gorgée de bière dans une calebasse et la recrache sur la terrasse mortuaire afin d’appeler l’esprit du défunt. Il castre le bouc, l’égorge et jette sa dépouille à terre. Ce sacrifice est nécessaire pour que le mort puisse renaître sous forme d’ancêtre. Le bouc est une victime de substitution. Jusqu’au 19e siècle, le même sort était réservé à un Peul ou à un Dogon d’un village ennemi. Hissée sur le toit du mort, la victime était émasculée et décapitée. La tête servait alors de cible aux lances des participants sur la place du village. Ensuite, c'est au tour des masques de monter sur le toit. Toutes ces activités rituelles ont pour but d'attirer l'âme du défunt sur la terrasse et de préparer son départ vers l'au-delà. Les danseurs rendent un dernier hommage au mort et descendent du toit. Un des danseurs, un fils ou un frère du défunt, resté seul sur la terrasse, s'agenouille, gratte le sol de ses mains et jette la poussière par-dessus sa tête. Il est à la recherche du Kine du défunt. Ce Kine retournera en tant que Nani dans un nouveau-né. Signification du Kine : le Kine est une composante de l’âme qui a la faculté de quitter et de réintégrer le corps humain. On dit d’une vieille personne qui souffre de sénilité que son Kine l’a déjà quittée. Signification du Nani : le défunt choisit parmi ses descendants un répondant qui à l'âge adulte devra régulièrement donner à boire à l'âme de son parent sur l' autel des ancêtres. La transmission de l’âme d’un défunt à un descendant est une forme de réincarnation.





Funerals at Kundu Gina, Andou and Dogomo : Many funerals are held in the dry season from December to February. The harvesting is over, the granaries are full and the next sowing season will begin by the month of June only. Since there is no more work to be done in the fields, men and women go about other business. Time has come to hold funerals for those who passed away in the previous year. A funeral lasts two or three days. Many visitors come and offer condolences to the family of the departed. Mock battles and dances are held around the clock. Songs retrace the deceased’s life story and exploits. Other songs refer to aspects of the local history of the village and retrace mythic and historic events that describe itineraries taken and the circumstances of the migrants’ arrival in their new homeland. Close relatives and visitors mime battle scenes in the village centre and on the roof terrace of the deceased. These battles are directed against the old Fulani enemy. They fire blank shots with locally made flint rifles and fight with spears, shields and lit torches. The echo of the cliff reflects back the gun detonations. The noise is earsplitting and participants are shrouded in a cloud of gunpowder. The acrid smell of sulphur fills the air and it makes breathing difficult. The sound of weeping and laughter can be heard all around. The atmosphere is both moving and festive. The more dramatically powerful moments take place on the roof terrace of the deceased. Some of his personal belongings are deposited there. If he was an old war veteran, a life-size dummy dressed in military garb will be clearly visible from all around. His widows dance in front of the house entrance with broken gourds held up high above their heads. They will no longer be used for their husband’s meals. Some dignitaries and close parents climb on the roof and sacrifice a goat. Ethnologist Eric Jolly gives a detailed description in his book "Boire avec esprit, Bière de mil et société dogon" : in Koundou, a man takes a swig of beer out of a calabash and spits it onto the roof terrace so as to attract the deceased out of his house. He then castrates the goat, slits its throat and throws the corpse from the roof onto the ground. The purpose of the sacrifice is to help the deceased on his way to the hereafter. The goat is a substitute for a human victim. Up to the 19th century, the same fate was reserved for a Fulani or for a Dogon from an enemy village. Hauled upon the mortuary roof, the victim was emasculated and decapitated. The head would then be placed in the village square and serve as a target for spears from the participants. After the blood sacrifice, it is the masked dancers' turn to climb onto the roof terrace. The purpose of all these ritual activities is to attract the soul of the dead man out of his house and to facilitate the commencement of its journey to the hereafter. The dancers pay a last homage to the dead man and climb down the terrace. A close parent remains alone on the roof, kneels down, scratches the ground with his hands and throws earth over his shoulders. He is looking for the Kine of the deceased that is to return as the Nani in a newborn baby. Meaning of the Kine : The Kine is a component of the soul that is capable of leaving and re-entering the human body. It is said that an old person who suffers from senility has already been left by his/her Kine. Meaning of the Nani : The deceased chooses among his descendents a respondent who, when grown up, will offer regular sacrifices to his dead parent on the ancestor altar. The act of transmitting a part of one's soul to a descendent, is a form of reincarnation.