Autel de pluie Andugo à Komo Sese : L’autel Andugo provoque la pluie moyennant des sacrifices adressés au Nommo (génie aquatique). Il se compose de figures anthropomorphes, d'éclats de poterie et de « pierres de tonnerre » qui, dit-on, tombent du ciel avec la foudre. L’individu qui ramasse une telle pierre en brousse la remet à son chef de lignage (Ginna Banga). L’ethnologue Abinou Teme (Paganisme et logique du pouvoir dans le Toro en pays Dogon) nous explique que l’Andugo se rattache au culte des ancêtres (Wagem). La maîtrise de la pluie ne saurait être de la responsabilité d’un seul individu tel que le prêtre du Binou. Elle doit rester aux mains d’une autorité plus large. Le hogon d’Arou fait exception à la règle. En sa qualité de chef spirituel détenant la maîtrise de la pluie, il est normal qu’il dispose d’un outil rituel tel que l’Andugo. Aujourd’hui, ce culte se fait rare. D’aucuns pensent que sa perte d’efficacité est due au pillage des éléments (statuettes et pierres polies néolithiques) dont ces autels sont faits. Germaine Dieterlen et Solange de Ganay décrivent plusieurs autels Andugo dans leur étude Le Génie des Eaux chez les Dogons. Ci-dessous leur description de celui en place à Yougo Dogorou dans les années 1930 : « Il est formé d’un tas de pierres sans formes spéciales recouvrant quatre statuettes de bois ; la plus grande (40 cm) représente un personnage ayant des seins de femme et un sexe masculin. Assis sur un siège aux montants anthropomorphes, il porte dans le dos un accessoire rappelant un carquois. Une statuette plus petite figure une femme. Deux autres beaucoup plus réduites (20 cm) portent un crochet de fer gobo, planté droit dans le ventre. L’une d’elles se couvre le visage de ses avant-bras et de ses mains (page 147). Ces objets sont accompagnés de deux grands crochets de fer et de haches de tonnerre. » Aucun des autels décrits n’est doté d’une statue figurant le Nommo, le génie à qui l’on adresse les prières pour la pluie. Ce type de sculpture a un visage qui s’étire vers le bas. Quant aux statuettes aux bras levés, elles n’y figurent pas non plus. D’ailleurs, il est bon de rappeler que celles-ci ne sont pas des représentations du Nommo. La littérature confond souvent le Nommo (génie aquatique) avec Nomo Dyénou, terme dogon qui se traduit par « mains levées ». Aussi, la position des mains s’élevant vers le ciel n’indique pas nécessairement une prière destinée à faire pleuvoir. Seuls les propriétaires de ces pièces peuvent en expliquer l’usage. Et inversement, si l’on connaît la fonction d’une pièce, celle-ci ne renseigne pas pour autant sur la catégorie de personnes (prêtre, chasseur, guérisseur, agriculteur) ni sur le type d’autel auxquels elle appartient. Tel un objet archéologique hors contexte, une sculpture sans autel ne livrera pas tous ses secrets







Andugo rain altar at Komo Sese: The Andugo altar brings about rainfall. Sacrifices are addressed to Nommo, a spirit present in water. It is made of anthropomorphic figures, pottery fragments and « thunder stones » which are said to fall from the skies with thunder and lightning. An individual who finds such a stone in the bush, will hand it over to his lineage elder (Ginna Banga). Ethnologist Abinou Teme (Paganisme et logique du pouvoir dans le Toro en pays Dogon) explains that the Andugo altar is part of the ancestor cult (Wagem). Rain control cannot be the responsibility of just one person, namely the Binou priest. It has to remain within the control of a larger authority. The hogon of Arou is an exception to this rule. As a spiritual leader who masters the art of rain control, it is natural that a ritual tool such as the Andugo altar should be one of his attributes. Many think that rain altars are less efficient today because most have been stripped of their components (statuettes and neolithic polished stones). Germaine Dieterlen and Solange de Ganay give a description of a number of such altars in their study Le Génie des Eaux chez les Dogons. Hereunder, their description of the one in place at Yougo Dogorou in the 1930s : « It is composed of a small mound of shapeless stones and of four wooden statuettes. The tallest one (40 centimeter) represents a figure with female breasts and male genitals. Seated on a stool with anthropomorphic legs, it is wearing on its back an object that looks like a quiver. A smaller statuette portrays a woman. The other two are much smaller (20 centimeter) and have iron hooks (gobo) planted in their stomachs. One of them covers its face with its hands and forearms. These objects are accompanied with two big iron rods and neolithic “thunder” axes. » None of the altars they describe is fitted with a statue portraying a Nommo, the water spirit to whom prayers for rain are addressed. This sculpture has an elongated face that stretches downwards. As to the well-known statuettes with the raised arms, they do not seem to be a part of the Andugo altars either. It is also good to remind that they are not representations of the Nommo. Literature often confuses the Nommo (water spirit) with Nomo Dyénou, a Dogon term that means « raised hands ». The position of the hands held upwards does not necessarily indicate, as frequently believed, a prayer for rain. Only the owners of these statuettes may explain their use. Likewise, understanding the function of a statuette does not help in identifying the category of persons (priest, hunter, healer, farmer) and the type of altar to which it belongs. Like an archaeological artifact out of context, a sculpture without an altar will not give away all its secrets.