Sangha Apegnon Dolo : Les funérailles d’Apegnon Dolo eurent lieu six mois après son décès. Dans la nuit qui précède le premier jour des cérémonies, un poussin noir est sacrifié et suspendu à un fil tendu par-dessus la place publique d'Ogol Da. C'est un rite de purification qui protège les manifestations à venir contre la sorcellerie. Le nom du rite est Kezu ; il ne se tient que si le hogon est originaire d’Ogol Ley. Au deuxième jour des funérailles a lieu le rituel du Baga Bundo : huit masques Kanaga et plusieurs masques en fibre s'approchent et s'agenouillent autour de la couverture mortuaire. Il s’agit de la couverture qui a servi au transport du défunt vers le cimetière six mois plus tôt. Les danseurs frappent le sol alentour avec des tiges de mil. Il faut chasser les mauvais esprits de la couverture. Ils saluent le défunt une dernière fois et quittent la scène. Le rôle des femmes pendant les cérémonies funéraires n'est certes pas négligeable, mais elles sont exclues des rituels qui ont trait aux masques. Quand les masques dansent, les femmes ne sont, à l'exception de la Ya Sigine, que de simples spectatrices et restent à une distance respectable. Les masques ont trait à la mort et mettraient en danger la fécondité des femmes. Cependant, à Sangha, ces règles varient lors des funérailles d'un hogon. Sangha est partagé en deux villages (Ogol Ley et Ogol Da). Entre les deux se trouve le « champ du hogon ». Des combats fictifs y alternent avec des danses de femmes qui imitent les danses des masques. Elles ne portent pas de masques en bois, mais leurs coiffures, décorées de perles et de miroirs, évoquent des masques. En interpréter le sens n’est pas chose facile. Il se peut que ces danses se réfèrent à l’origine des masques. D’après le mythe, c'est une femme qui a découvert les masques avant que les hommes ne s'en emparent. D'ordinaire, Dama et funérailles se tiennent séparément. Il en va autrement pour le Dama du hogon de Sangha. Cette cérémonie se tient à la suite de ses funérailles. Une dizaine de masques y dansent. Mais avant que le Dama puisse avoir lieu, il faut que l'autel des masques (Wala) soit purifié. C’est en imitant les danses masquées durant les funérailles que les femmes ont transgressé un interdit. Des mesures correctives sont nécessaires. C'est alors qu’intervient le Puro, un rituel qui permet aux hommes d'asseoir leur pouvoir sur les femmes. Normalement, le Puro se tient indépendamment des cérémonies funéraires. Parfois les hommes estiment que les femmes de leur village ont commis une offense et que celle-ci doit être réparée au moyen du paiement d'une amende. Dans le cas des funérailles du hogon et à la suite des danses imitant les masques, les femmes doivent payer une amende au Wala Banga (chef de l'autel des masques). C'est le prix du sacrifice nécessaire à la purification du Wala sans quoi le Dama ne peut avoir lieu.



Sangha Ogol Da 1985 : Kezu purification ritual


Sangha Ogol Da 1985 : Kezu rite de purification



Sangha Apegnon Dolo: The funeral of Apegnon Dolo was held six months after his death. In the night preceding the first day of the ceremony, a black chick is sacrificed and affixed to a thread hanging over the central village square of Ogol Da. It is a purification ritual concerned with protecting upcoming events against witchcraft. The ritual is called Kezu. It is held only for a hogon who is originally from Ogol Ley. On the second day of the funeral, the Baga Bundo ritual takes place : eight Kanaga and various fibre masks approach and kneel down around a mortuary blanket. It is the same blanket that was used for conveying the defunct to the cemetery six months earlier. The dancers hit the ground with millet stems. Evil spirits must be driven out from the blanket. They pay their respects one last time to the dead man and leave the scene. The role of women during funerary rites is certainly not negligible. But they are excluded from all masked rituals. When the masks dance, women are spectators and stay at a fair distance. The Ya Sigine is the only exception to this rule. Masks represent death and are a threat to their fecundity. But in Sangha the role that women play during a hogon's funeral differs widely from all other funerary rites. Sangha is split in two (Ogol Ley and Ogol Da). The « field of the hogon » is situated between the two villages. Most public events are held there. Mock combats alternate with imitations of the masked dances performed by women. They do not wear wooden headpieces but their headdresses, adorned with mirrors and glass beads, represent the masks. It is rather difficult to interpret the significance of these dances. But it could be a reference to the origin of the masks. According to the myth, a woman discovered the masks before men took hold of them. Usually, funerals and the Dama ritual are held separately. This is not the case for the hogon’s Dama in Sangha. It is held in continuation of his funeral. Some ten masks come and dance for the occasion. But before the Dama can be held, the mask altar (Wala) must be purified. By ritually imitating the masked dances at the hogon's funeral, the women have transgressed a taboo. As a result, corrective measures must be taken. This is where the Puro intervenes, a ritual enabling men to assert their authority over women. It is normally held independently from any other ritual. Sometimes men think that the women of their village have committed an offence and, to make amend for it, they must pay a fine. Following the dances imitating the masks at the hogon's funeral, the women have to pay a fine to the Wala Banga (chief of the mask altar). It is to pay for the purification of the Wala altar, otherwise the Dama cannot be held.